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Pour une fois, des assureurs qui assurent vraiment !??
une Chronique Aggro de Marie-Liesse de Rohan-Crapaud - diffusée le 17.X.99

Lisez ceci :

"Il faut agir immédiatement, car les changements naturels du climat font peser des risques beaucoup plus grands qu’on ne l’imagine habituellement, et l’influence de l’homme sur le système climatique aggravera encore ces risques dans le futur."

Cet appel ne provient pas d’une organisation écologiste.

C’est un avertissement lancé par une société préoccupée de rentabilité : l’entreprise de réassurance Suisse de Ré. Le secteur de l’assurance encaisse en effet l’augmentation des sinistres provoqués par des catastrophes naturelles. Et son souci principal actuellement semble être le réchauffement climatique de la planète. Avec derrière une élévation du niveau des océans, des inondations de certaines régions (imaginez les monts de Flandres transformés en îles...), des sécheresses aggravées (tous les beus-beus qui vont rôtir sur la Côte d’Azur carbonisés) et des disparitions de terres cultivables...

Du coup, les compagnies d’assurances montent au créneau aux côtés des militants écologistes afin de pousser les Etats à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace France reconnaît que l’irruption de ces groupes financiers dans le débat apporte une sacrée crédibilité au "concept de changement climatique", (je cite), auprès des industriels et des gouvernements. Il est vrai que si les requins que sont les assureurs se préoccupent du réchauffement climatique, on a certainement des cheveux blancs à se faire...

Les assureurs poussent donc les politiques à agir, mais mais mais... ils ne peuvent cependant pas empêcher les Etats de laisser les entreprises prendre de très gros risques ! je vous explique :

nos deux copines, Monsanto et Novartis, ont ainsi obtenu toutes les autorisations gouvernementales aux Etats-Unis pour leurs semences génétiquement modifiées, alors que ces sociétés ne sont pas assurées pour les risques de pollution génétique à long terme, les assureurs n’ayant pas acceptés le risque... Ces entreprises spéculent donc sur la prise en charge des dommages par l’Etat si "quelque chose" devait arriver... Et l’Etat américain, qui cherche à promouvoir ces technologies, laisse faire.

suite du texte...



Ne vous imaginez pas que ce genre de façon n’existe pas dans notre beau pays : l’Etat français a décidé en 1990 de plafonner la responsabilité d’EDF à 600 millions de francs si par un malheureux hasard il devait se produire un accident nucléaire. L’Etat choisit d’endosser lui-même la responsabilité des dommages afin de faciliter l’essor d’une technologie dangereuse...

Autre problème : les compagnies d’assurance sont absentes des marchés non solvables, étant rappelons-le des entreprises à but lucratifs. Elles sont donc quasiment absentes des pays en développement alors que c’est là où les sinistres font le plus de victimes. Et pourtant, ce sont bien les multinationales des pays riches qui investissent dans le Tiers Monde. Rappelez-vous l’accident de Bhopal en Inde : une fuite de gaz dans une usine de pesticides de l’entreprise américaine Union Carbide avait causé la mort de 6500 personnes et handicapé à vie plusieurs milliers d’autres. Eh bien les familles des victimes ont reçues six fois moins d’indemnités que ce qu’elles demandaient. A titre d’exemple, on peut comparer l’affaire des implants mammaires en silicone : suite à une étude mettant en doute l’innocuité de ces produits, 2000 femmes américaines ont porté plainte et ont reçu en indemnité dix fois plus que les victimes de Bhopal...

Pour conclure, je vous cite la fin de l’article du mensuel Alternatives Economiques du mois d’octobre : "La vie n’est pas près d’avoir le même prix en Inde et aux Etats-Unis. Voilà notamment pourquoi miser sur les assurances et les mécanismes de marché ne peut suffire à résoudre tous les problèmes d’environnement de la planète."

Sources :

  • Alternatives économiques N° 174
  • Le Monde 6 août 1999

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