Les bousiers, le caca de vache et la fin du monde
la Chronique Agricole de M.L. - diffusée le 06.VI.99
Imaginez des pâtures remplies de bouses de vaches, sans aucun brin d’herbe... Très agréable, pour batifoler dans la nature, n’est-ce pas ?

Eh bien, tenez-vous bien, ça risque d’arriver. Non, pas parce que les vaches vont se reproduire à toute vitesse, ni parce qu’elles vont être clonées et envahir la planète, non, non, tout simplement parce que l’ivermectine a frappé.

Vous êtes en train de vous dire : ça y est, elle a perdu la boule, à force de parler des OGM, ça devait arriver...

Rassurez-vous, je vais bien, et l’ivermectine est un anti- parasitaire qui est administré aux vaches pour lutter contre les vers intestinaux, les tiques, les gales et autres petites bébêtes... En soi, c’est bien, sauf que, comme d’habitude, on en fait trop et la dose administrée est beaucoup trop importante... Et je reviens à ma vision apocalyptique de bouses de vaches envahissant les prés : comment est-ce possible ?

Pour que vous compreniez, il est nécessaire que je vous fasse un petit cours :

Nous avons des sortes d’ éboueurs de prairie en la personne d’insectes appelés bousiers, qui mangent, aèrent, triturent le caca de vache, ce qui permet la disparition des bouses. Cela prend entre 3 à 5 mois au nord contre deux ans dans le pire des cas au sud...

Or, l’ivermectine est éliminée par voie fécale et c’est aussi un insecticide, donc, ça tue les bousiers.

En plus, les bouses d’une vache traitée à l’ivermectine sentent meilleur, de l’avis des pauvres bousiers, qui se précipitent toutes dents dehors sur les bouses empoisonnées. C’est une hécatombe ! Plus de bousiers, et notre pays va devenir un désert de merde...(à raison de 4 kilos de bouses quotidiennes par vache).
Ça a l’air drôle, mais en Australie, où la faune coprophage n’était pas adaptée aux excréments bovins (en clair, il n’y avait pas de bêtes spécialisées pour manger le caca de vache), c’est devenu dramatique.

Dans les années 60, le cheptel bovin de ce pays frisait les 30 millions de têtes, produisant quelques 40 millions de tonnes de bouse par an, qui mettaient jusqu’à 7 ans à disparaître. En cumulé, ça tapisse presque la surface de l’Ile-de-France en un an... Conséquences, des milliards de mouches et l’élargissement des zones de pâturages dans des espaces réservés à la faune sauvage.

Catastrophe naturelle et économique. l’Australie a réagi sainement en introduisant des bousiers spécialisés dans les excréments de bovins qui sont élevés dans des fermes (en France, il y en a une à Montpellier).

Comme quoi on a toujours besoin de plus petits que soi, surtout pour traiter la merde...


 meuh.
"Ch'est quand même biau in-ne vaque, hein."
Constant L.  




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