Interview de CONCRETE CELL. Réalisation : St. | |
Le 19 février 1999, Concrete Cell, excellent groupe belge de punk/hardcore, étaient à l'affiche d'un concert réunissant pas moins de 7 groupes, à la ferme Dupire de Villeneuve d'Ascq. Après un set époustouflant devant un public agité mais bon enfant, nous avons réussi à poser quelques questions au chanteur. Textes originaux, belgicismes compris. | |
ELV : Présente-toi mon gars ! F : Bonsoir Villeneuve d'Ascq, je m'appelle Filip et je chante chez Concrete Cell. Nous venons de finir notre concert il y a quelques minutes, c'était très amusant parce que j'ai trouvé les gens... superbes ! ELV : Habituellement vous n'avez pas autant de gens qui dansent et qui font les fous ? F : La plupart du temps non. C'est bizarre, mais en Belgique il a beaucoup de groupes de notre style donc on est un peu "spoiled"... tout le monde se connaît, le public et les groupes, ça devient une habitude, l'effet de surprise n'existe plus. ELV : Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ? F : 6 ou 7 ans. ELV : Toujours dans le même style ? F : Pas au début. Nous jouions des reprises de Bad Religion, Dead Kennedys, NoFX, Pennywise, etc. Ouais, le style était similaire mais ce n'étaient pas nos propres compositions. Après un an et demi, nous avons commencé à écrire nos chansons nous-mêmes. ELV : Parfois quand on parle de Concrete Cell, ou d'autres groupes dans le même genre musical, on entend parler de "punk rock", mais pour d'autres c'est plutôt du hardcore mélodique... F : Pour moi les deux sont bons. Je m'en fous. Quand on entend le mot "punk" on pense aux crêtes, tout ça, ce n'est pas ce que nous sommes je crois. J'appelle souvent notre style "punk rock", ça sonne un peu stupide je crois mais c'est comme ça que je décris notre musique. ELV : Pourquoi stupide ? Tu trouves que le mot "punk" est trop négatif ? F : Ce n'est pas négatif, mais je ne veux pas prétendre que nous sommes des punks : nous travaillons, allons à l'école, etc. Simplement nous jouons cette zique parce que nous l'aimons, après on ne trouve pas très important de lui donner tel ou tel nom. ELV : En plus de la musique vous avez quelque chose à dire... F : Oui bien sûr, c'est évident ! On doit raconter quelque chose dans les chansons je trouve. Ça n'est pas toujours sérieux, parfois ça l'est et parfois c'est des conneries... ELV : le chien ? ("Song for Kira", dédiée au chien de Filip) F : ha ha, oui... aussi des trucs sur "devenir ivre", des choses comme ça. Je ne veux pas être un curé qui dit à tout le monde comment vivre et comment se comporter. J'écris des choses qui me semblent importantes, sur des faits auxquels beaucoup de gens ne pensent peut-être jamais. ELV : par exemple "D.I.Y." ? F : Oui, celle-là le titre est un peu ambigu. Peut-on se venger soi-même de quelqu'un qui a fait quelque chose de vraiment grave ? Par exemple en Hollande un garçon a été tué, pour rien, battu à mort par trois autres mecs. C'est ça qui m'a fait écrire cette chanson. Théoriquement, se faire justice soi-même c'est mal, mais il y a des cas... je ne sais pas. ELV : Alors votre label, Genet Records, fait la promo de votre disque en parlant d'attitudes délirantes, de fun. Je trouve ça peu adéquat par rapport à des textes comme ça. F. : Bruno (le "boss" de Genet et Pyrrhus Records) dit ça parce que dans la vie on rigole pas mal. Quand on entre dans son magasin on se comporte souvent comme des gamins. Mais ça n'empêche pas d'avoir un propos sensé de temps et temps. ELV : Sur scène aussi, ça s'amuse bien. C'est pas très descriptible, disons que tu es un vrai cinglé, grimacier, tu te balances dans tous les sens... F : Je suis né comme ça, je n'y peux rien ! Sur scène je n'ai pas d'instrument donc je peux bouger. |
ELV : Le public a l'air d'apprécier ça. F : Oui, c'est bien ! En même temps, j'ai vu beaucoup d'appareils photo aujourd'hui, et peut-être que si je vois les photos dans 20 ans je me demanderai ce qui pouvait bien me passer par la tête ! ELV : Et que penses-tu faire dans 20 ans ? En 2019 ? F : Dans la vie je ne sais pas. Dans la zique non plus. J'aime beaucoup la musique, mais je ne suis pas musicien ; j'écris les textes, et les trois autres du groupe écrivent la musique. Moi je joue un peu de la basse, pas beaucoup. C'est sûr que j'écouterai de la musique toute ma vie, de tous les genres, pas seulement du punk rock, mais de tout. Du moment que ça me touche, qu'il y a dedans quelque chose de spécial. ELV : Ça fait penser à votre titre "Punk rock diet", tu peux en dire deux mots ? Tu l'as écrit par rapport à quelque chose de précis ? F : Oui, parmi les gens qui vont aux concerts punk, j'ai souvent l'impression que certains, surtout des jeunes, n'écoutent que des groupes sortis sur Epitaph, ou Fat Wreck. Mais il y a beaucoup d'autres artistes qui méritent d'être écoutés. On ne doit pas avoir des oeillères ! ELV : Avez-vous joué "Car wars" ce soir ? F : Non. ELV : Pourtant vous l'aviez inscrit au conducteur. F : Oui, mais il était temps d'arrêter, il y avait encore trois groupes au programmes, qui devaient autant que nous avoir envie de jouer devant du public, pas à une heure du matin devant 20 personnes. Il en faut pour tout le monde. ELV : J'ai cru que vous ne l'aviez finalement pas joué parce que c'est un titre bruyant, sans beaucoup de mélodie... F : Oui, et aussi avec une batterie hyper rapide, à la Machinehead... Celle-là, avec "Quote the big boys" et "Don't wanna be a member of your paranoia league", ont été écrites trois semaines avant qu'on aille en studio. On n'avait que 10 titres, il en fallait 3 de plus. "Car wars" n'est pas une chanson merveilleuse, mais ça donne un peu de diversité à l'album. L'extrait de la bande son du film "Lost Highway" qu'on y a collé est très violent. Ça parle des gens qui font n'importe quoi au volant. ELV : Et "Don't wanna be a member of your paranoia league", de quoi ça parle ? F : Tu n'as pas compris ? Il s'agit de la paranoïa générale en Belgique, après l'affaire Dutroux. Dans le texte de la chanson, j'imagine qu'étant à la piscine, je frôle un gamine dans l'eau, sans le faire exprès, et le père arrive avec des accusations de pédophilie. Tout le monde est devenu fou à un certain moment. On voyait des suspects partout, pendant que les vrais coupables s'en sont tirés grâce à leur argent et à leurs relations. Ce sont les "petites crevettes" qu'on a arrêtés, les gros poissons se sont vite enfuis de cette piscine ! ELV : Finissons donc par une question bateau : quels sont vos projets ? F : Un autre album, continuer à faire des concerts. Revenir ici, o- j'ai été heureusement étonné de l'enthousiasme général. ELV : L'an prochain vous serez sur Epitaph ? F : Probablement oui. Ils nous ont offert un tas d'argent, des maisons, des femmes, de la drogue, tout le bazar. Moui moui moui. Vous pouvez ossi aller faire un tour sur le site du label de Concrete Cell, c'est Ginette, heu non Genet Records, qu'on a sur le site de Pyrrhus. |