INTERVIOU DES SQUATTERS LILLOIS
- réalisée en direct le 13 juin 1999 -
questions posées à messieurs X et Y (anonymat oblige !?!) par P.A., M.L. et Steph.


info importante ! squatt incendié le 21 juin ! cliquer ici


illustrations des anciens squatts piquées sur l'excellent site Squattalille

Nous recevons quelques invités surprise : des squatters, un genre bizarre d'individus, qui viennent nous parler de leurs activités... Que se passe-t-il ?

X : bonjour tout le monde. On est des squatters du 55 rue Philippe de Comines à Lille. On vient dire que la Mairie de Lille a refusé de collaborer avec nous, et donc on est menacé d'expulsion. C'est vrai depuis le début de l'occupation, mais ça se précise depuis 1 semaine.

On essaie de se mobiliser comme on peut. Vendredi [11 juin] on a organisé un petit déjeuner en coopération avec l'APU Moulins, ça s'est très bien passé, il y avait une centaine de personnes. On compte le refaire mardi 15 juin [ça s'est fait, il y avait même la télé] si on est encore là. Ca commencerait à 6 heures du matin, parce que les keufs se lèvent tôt, ils viennent tôt pour nous déloger et ça on en a marre.

On en a vraiment ras le cul de ce qui se passe. Les pouvoirs publics ferment les yeux sur la réalité de plein de personnes et ça ne va pas du tout. On est aussi venus pour dire que notre lutte va aller de l'avant, c'est pas eux qui vont nous arrêter comme ça, on continuera à occuper des locaux, c'est clair, et on continuera à le faire dans des lieux appartenant à la Mairie de Lille ou à la CUDL.

ELV : il y a plein de bâtiments appartenant à la Mairie (et c'est du bien public, finalement ça appartient à tout le monde) qui sont inutilisés, quelquefois depuis des années, plus de 10 ans des fois...

Y : ... et une fois quils expulsent, ils n'utilisent toujours pas ces bâtiments...

X : ... ouais, il faut rappeler que tous les lieux qui ont été ouverts (on le fait par des collages aussi) puis expulsés, jusqu'à maintenant rien n'y a été fait depuis les expulsions.

ELV : la Pharmacie est toujours debout...

X : ... l'Entrepôt est toujours debout, le Teepy est toujours debout.

ELV : et là vous les avez rencontrés, ils vous ont proposé quelque chose ou pas du tout ?

X : nous avons voulu entamer des négociations pour obtenir un bail précaire. Ils nous ont laissé y croire, ils nous ont menti jusqu'au jour de notre rendez-vous avec la présidente de la Mairie de quartier Moulins.

On pensait aller négocier, ça a été simplement "Non", et c'est tout. Ceci, accompagné du fameux goûter [le 26 mai dernier] qui a tourné court, avec matraques, répression policière, etc., comme d'habitude.

ELV : ça a été juste &quto;Non", ou autre chose a été dit ?

X : oui : "pour des raisons de sécurité" . Rappelons que la Mairie de quartier de Moulins n'est pas aux normes de sécurité, de même que beaucoup d'écoles et de lieux publics. C'est un prétexte, tout le monde le sait.

ELV : et quand tu vois le nombre de marchands de sommeil qui se font un fric fou à louer des locaux insalubres à des gens pauvres... Vous en plus, vous pouvez remettre en état certaines choses en habitant là.

X : et c'est ce qu'on fait ! On a aussi des activités, resto végétalien une fois par semaine, toutes les activités sont à prix libre parce qu'on ne veut pas faire de sélection par l'argent, un concert par semaine minimum depuis décembre 98. Donc ça fonctionne depuis 6 mois à cet endroit, dans d'autres lieux auparavant. On va continuer, ils ne réussiront pas à nous arrêter comme ça.

ELV : et les habitants du quartier, ils voient ça comment ?

X : plutôt bien, mais bon c'est pas l'unanimité. Les voisins directs sont un peu génés par le bruit. On en est désolé, c'est inhérent aux activités.

ELV : y a pas tant de bruit que ça quand même...

Y : c'est pas la musique, c'est les gens qui viennent qui font du bruit.

X : on veut aussi rappeler la politique d'urbanisme de la Mairie de Lille et de Pierre Mauroy, Maire de Lille, Président de l'Internationale Socialiste...

ELV : ...on dit Peter Mauroy maintenant [avec l'accent ricain].

X : ouais. Maisons murées, spéculation, attitude de refus face à des lieux alternatifs comme les squatts, mais aussi le 49ter, auxquel ils ont mis des bâtons dans les roues et qui ne peuvent plus accueillir de public, comme aussi la Malterie qui est obligée de devenir presque une salle de spectacle de base du style de l'Aéronef (spécial bonjour ! anti-copyright !).

Alors les prétendues lois anti-exclusion des socialistes, tout ça, c'est de la rigolade, il faut que les gens le comprennent.

Y : t'avais promis de parler de Martine...

X : on voulait dire à Martine Aubry, si elle nous écoute, que c'est elle qui sera bientôt notre propriétaire. On lui souhaite bon courage.

Ah oui, on veut dire aussi, parce que c'est à l'initiative de Pierre Mauroy et Martine Aubry, qu'en ce moment il y a une superbe expo qui s'appelle "Les Incendiaires"... C'est rue Courmont à Lille-Moulins, près de la place Vanhoenacker, c'est sur les jeunes au Maroc qui sont à la rue, qui se shootent à la colle, etc.



Voilà pour cette intervention courte mais riche et remarquée. Vous pouvez en savoir bien plus sur l'odyssée récente des squatts lillois en vous reportant à leur site web.

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Jeudi 24 juin, le squatt du 55 rue Philippe de Comines à Lille a brûlé. Un copain belge est mort dans l'incendie... Coup du sort ou coup de pute ? Va savoir... Toujours est-il que quelques jours plus tard, deux autres squatts "d'habitation" ont, eux aussi, cramé, heureusement sans victime. Inutile de dire que toute activité au squatt est annulée.

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